De la chimie industrielle au génie des procédés : plus de deux cents ans d'histoire au Cnam

En 1783, les intendants du commerce émettent le vœu de conserver les machines de Vaucanson et celles dont la construction est encouragée par le gouvernement. Le 2 août 1783 le roi Louis XVI décrète la création d'un dépôt de machines et d'outils, acte royal qui peut être considéré comme le début du Conservatoire. Ce dépôt s'installe dans l'hôtel de Mortagne. Parallèlement une réflexion sur l'enseignement technique se met en place et des rapports, en particulier ceux de Lavoisier, insistent sur le développement de cet enseignement. Toutes ces idées finissent par "cristalliser" et le 29 septembre 1794, l'abbé Grégoire présente un rapport à la Convention où il indique "Je viens vous présenter les moyens de perfectionner l'industrie nationale (...) la création d'un Conservatoire pour les Arts et Métiers". Le 10 octobre 1794, la Convention signe l'acte de naissance du Conservatoire des Arts et Métiers.

Arago rédige l'ordonnance du 25 novembre 1819 qui établit les trois premières chaires. L'une de ces trois chaires s'appelle "Chymie appliquée aux Arts". Son premier titulaire, Nicolas Clément a une solide réputation de scientifique et d'industriel. Il est né à Dijon ; à la fois passionné de chimie et riche -grâce à un gain important à la loterie-, il entre dans la mouvance de l'École Polytechnique où il rencontre Charles Bernard Desormes assistant de Guyton de Morveau. Il épouse la fille de Desormes et se fera appeler à la mort de son beau-père Clément-Desormes. Son cours de chimie a un tel succès, qu'on le dédouble en 1839, et on donne à la nouvelle chaire l'intitulé "Chimie appliquée à l'industrie".

Anselme PAYEN

Le premier titulaire de cette nouvelle chaire est Anselme PAYEN. Il est né à Paris le 6 janvier 1795. Son père est un important industriel de la région parisienne, qui décide de s'occuper lui-même de l'éducation de son fils. Dès 13 ans, Anselme suit les cours de chimie des plus grands savants de l'époque. En 1820, il prend la succession de son père et développe l'entreprise tout en publiant de nombreuses œuvres scientifiques. Nommé professeur à l'École Centrale, il devient titulaire de la chaire le 26 septembre 1839. Grand industriel, Payen devient un grand enseignant-chercheur. En recherche, il est connu pour avoir découvert, avec Persoz, la diastase (première enzyme connue), ainsi que la cellulose. Son cours publié et ses ouvrages ont eu de nombreuses éditions et sont disponibles à la bibliothèque du Cnam. Parallèlement, Payen a une activité politique et siège au Conseil municipal de Grenelle. Il décède le 12 mai 1871 ; depuis, une rue de Paris porte son nom.

Aimé GIRARD

Le successeur d'Anselme Payen est Aimé GIRARD. Né le 21 décembre 1830, il se forme dans le laboratoire de Pelouze, qu'il dirige jusqu'en 1857. Il effectue de nombreuses recherches, entre autres sur le caoutchouc. En 1858, il est président de la Société Chimique de Paris. Au moment de son élection au Conservatoire -le 5 septembre 1871-, Girard est très connu pour ses recherches mais aussi pour son activité de journaliste scientifique. Très pédagogique, son cours a un succès considérable et il s'inscrit dans la continuité d'Anselme Payen.

Emile FLEURENT

Le successeur de Girard est Emile FLEURENT, né le 30 janvier 1865 dans les Vosges. Il intègre l'École de Physique et Chimie Industrielle de la Ville de Paris, puis la Sorbonne. En 1890, il est préparateur au cours de chimie industrielle et chef de laboratoire de Girard. Fleurent est nommé titulaire de la chaire le 20 janvier 1898. Il a une activité de recherche en chimie classique mais aussi en biochimie agroalimentaire. C'est un politique, qui exerce un grand nombre de fonctions nationales ; il est notamment élu député des Vosges en 1906. Pendant la guerre de 1914, il fera des conférences au Conservatoire, de type scientifique et politique, dont la bibliothèque posséde une partie des textes.

Auguste CHAGNON

La chaire de Fleurent est supprimée en 1935 pour raisons budgétaires et renaît en 1943 sous le nom de "Chimie industrielle appliquée aux matières organiques". Le nouveau titulaire est Auguste CHAGNON, né le 1er septembre 1885. Il entre à l'École Centrale et intègre ensuite la compagnie des glaces et produits chimiques de Saint Gobain, où il poursuit sa carrière comme chef de service des études chimiques et de fabrication. Il exerce ensuite des fonctions d'ingénieur conseil. En 1924, il est nommé professeur à l'École Centrale, puis titulaire de la chaire de Chimie Industrielle au Conservatoire le 1er mai 1943.

André ÉTIENNE

À son départ à la retraite en 1955, la chaire est publiée sous le nom de "Chimie industrielle (méthodes générales, synthèse et catalyses, application)". Le nouveau titulaire est André ÉTIENNE, né le 12 janvier 1912 à Paris. Ingénieur de l'École de Physique et Chimie Industrielle de la Ville de Paris, il intègre le laboratoire de Charles Dufraisse au Collège de France et entre au Service des poudres en 1935. En 1943, il retourne au Collège de France en tant que directeur du laboratoire de chimie organique et y soutient sa thèse en 1945. En 1955, André Etienne est nommé titulaire de la chaire de Chimie Industrielle. Il crée le laboratoire de recherche -qui est actuellement le Laboratoire de Chimie Industrielle – Génie des Procédés-, connu à l'époque pour ses recherches en chimie organique industrielle. Le professeur Etienne publie un cours important de génie chimique et de chimie industrielle. Il publie 250 articles dans des revues scientifiques. La chaire est à nouveau vacante en 1980 à son départ en retraite.

Bernard LEFRANÇOIS

Son successeur est Bernard LEFRANÇOIS, né au Havre le 9 août 1931. En 1955, il obtient le diplôme de l'École Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de la Ville de Paris et entre comme ingénieur aux houillères du bassin du Nord et du Pas de Calais. En 1963, il est délégué général de l'Association pour la fabrication d'eau lourde par le procédé ammoniac-hydrogène, puis chef de projet pour la construction de l'usine d'eau lourde de Mazingarbe en 1964. Il est nommé chef d'exploitation de l'usine en 1967. Il fait carrière au Charbonnage de France et devient, en 1979, chef du centre de recherche de l'Oise. Parallèlement à son activité industrielle, il a une activité d'enseignement et de recherche et soutient sa thèse de doctorat en 1970, sur la contribution à la mise au point d'un nouveau procédé de production d'eau lourde. Bernard Lefrançois fait évoluer le cours vers le génie chimique et la thermodynamique appliquée. La chaire est publiée sous le nom de "Chimie industrielle – génie des procédés" le 10 avril 1997 et il fait valoir ses droits à la retraite le 1er mars 1998.

Alain DELACROIX

Son successeur est Alain DELACROIX, né à Paris le 20 septembre 1944. Après des études universitaires, il vient au Conservatoire (dont il connaît déjà bien le musée) pour se rapprocher du monde industriel. Il soutient sa thèse en juillet 1974, sur l'addition des sels d'amines tertiaires aux composés éthyléniques électrophiles. Il est ensuite successivement IATOS, Assistant, Maître-Assistant, sous-Directeur de laboratoire, Professeur des universités. Il est nommé titulaire de la chaire le 2 septembre 1998. Il fait évoluer la recherche du laboratoire de la synthèse organique vers le génie des procédés, l'informatique industrielle et l'automatisation des procédés et plus récemment vers les problèmes environnementaux. Il sera le dernier titulaire de la chaire.

Le décret du 19 novembre 2009 modifie les statuts du Cnam. Son nouveau règlement intérieur est approuvé par le Conseil d'administration du 17 mars 2010. La nouvelle organisation du Cnam est entérinée, toujours par le Conseil d'administration, le 7 juillet 2010.

Les personnels de l'ancienne chaire sont rattachés, pour l'enseignement, au département "Chimie, Alimentation, Santé, Environnement, Risque" (Caser), et pour la recherche au département "Ingénierie de la construction et énergétique" (Icener).

L'équipe pédagogique "Génie des procédés chimiques et pharmaceutiques" (GPCP) est créée à l'automne 2010.

Catherine PORTE

Catherine PORTE est nommée responsable de cette équipe pédagogique. Elle est née le 11 juillet 1946 à Paris. Après des études universitaires, elle arrive au Conservatoire en 1971 pour y préparer sa thèse. Elle occupera ensuite successivement les fonctions de technicien, d'ingénieur d'étude puis de maître de conférences à partir de 1996 ; elle est enfin nommée professeur des universités en 2004. Elle fut au fil de ces années, entre autres, directrice du Laboratoire de Génie des Procédés pour l'Environnement, l'Énergie et la Santé (LGP2ES-EA21) de 2007 à 2010, responsable de l'équipe "Génie des procédés chimiques" de ce même laboratoire depuis 2002, et représentante élue des enseignants-chercheurs dans de nombreuses instances du Cnam (Conseil de Perfectionnement, Commission de la Recherche, Conseil de Pôle, Comité Technique Paritaire, Conseil de Département, etc.). Elle a participé à l'évolution des recherches du laboratoire vers l'automatisation et l'optimisation des procédés.

Du 1er janvier 2013 au 5 mai 2014, la spécialité génie des procédés du Cnam fait partie de l'équipe pédagogique chimie et génie des procédés, animée par Catherine PORTE puis par Samy REMITA, professeur de chimie générale.

Renée DE CHALLEMAISON

À la recréation de l'équipe « Génie des procédés et ingénierie pharmaceutique (GPIP) » du Cnam, Renée DE CHALLEMAISON en est élue animatrice jusqu'à échéance de son contrat de professeur associé.

Jean-Louis HAVET

Désormais Jean-Louis HAVET est l'animateur de l'équipe « Génie des procédés et ingénierie pharmaceutique (GPIP) » du Cnam.